Hommage au chevalier de Saint-George : figure ultramarine, esprit des Lumières

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Mise à jour le 29/04/2025

Joseph Bologne
Au 49 de la rue Saint-André des Arts, Dimanche 27 avril, Jean-Pierre Lecoq, Maire du 6ᵉ, Conseiller régional, et Claude Ribbe, Conseiller d’arrondissement délégué à la mémoire, aux universités, à la francophonie et aux questions européennes, ont dévoilé une plaque en hommage au chevalier de Saint-George, en présence de Manuel Valls, ancien Premier ministre, ministre d’État, ministre des outre-mer.
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« Nous sommes rassemblés devant ce bel immeuble pour rendre hommage à un Français d’exception, en ce jour de commémoration de l’abolition de l’Esclavage, un homme libre, de couleur, reconnu par son père, Joseph de Bologne de Saint-George, dans ce quartier des Lumières et de la Révolution Française, à quelques mètres de lieux aussi emblématiques que le Procope, la Cour du Commerce Saint-André, le Théâtre de l’Odéon ou le Couvent des Cordeliers où Danton réunissait son club », a rappelé le maire du 6e devant une assistance nombreuse, représentante des Ultramarins et des enfants de l’École élémentaire Jardinet. On y dénombrait de nombreuses personnalités : l’ancienne ministre George Pau Langevin, défenseure adjointe des droits, la présidente de la délégation outre-mer du Sénat, sénatrice de Saint-Barthélemy, Madame Micheline Jacques, la réalisatrice Euzhan Palcy, oscarisée à Hollywood, l’écrivain Daniel Picouly.
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Joseph de Bologne de Saint-George, plus connu sous les pseudonymes de « chevalier de Saint-George » ou « Saint-George » (1745 – 1799), eut mille vies : compositeur, escrimeur et musicien français, figure du Siècles des Lumières. Homme de couleur, né Guadeloupe, il poursuit une carrière artistique et sportive relativement exceptionnelle dans la société de cour du 18e siècle. Il participe à la Révolution française et prend le commandement de la Légion franche des Américains et du Midi. Au-delà de ses talents remarquables de musicien, d’escrimeur et d’homme passionné et courageux, il est le symbole d’un homme victime des préjugés lorsqu’il fut écarté de la direction de l’Opéra en 1776 puis emprisonné en 1793 au début de la Terreur. Lorsqu'il meurt à Paris le 10 juin 1799, il est rendu à une vie civile depuis plusieurs années déjà. Aucun de ses talents n'a été oublié au cours des siècles passés et la Mairie du 6e arrondissement a souhaité honorer solennellement au nom de la Ville de Paris et de la République, devant cet immeuble où a vécu le chevalier de Saint-George, la mémoire de cet illustre figure ultramarine.
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« Pas d’une manière misérabiliste été finalement blessante à force de paternalisme gauche, mais en commençant par rendre hommage dignement aux grandes figures issues de nos outre-mer, marqué par l’esclavage et injustement oubliées » (…), « mais en commençant par honorer celles et ceux qui se sont distingués par leur vertu et leur talent », a tenu à souligner Claude Ribbe.
« Cette plaque n’est pas seulement en mémoire de Saint-George, c’est aussi rendre justice aux 200 000 ultramarins qui vivent à Paris, et dont on ne parle jamais (…). Ces Parisiennes et Parisiens originaires de nos outre-mer, beaucoup ne les voient pas, sauf quand ils sont dans les équipes qui remportent les médailles. ». Cette plaque est apposée pour évoquer une « histoire complexe et tellement simple, à la fois admirable et effroyable, qui est l’histoire de nos outre-mer et donc l’Histoire de France. Une autre Histoire, mais notre Histoire. », conclut le conseiller délégué, par ailleurs normalien et historien de formation.
L’ancien Premier ministre, ministre d’État, ministre des outre-mer, Manuel Valls, a tenu a rendre un hommage appuyé « au chevalier de Saint-George, né dans une société où la couleur de peau dictait le destin ». « Le commémorer, c'est fait surgir du passé une parole d'avenir. C'est redonner une voix, un récit enfoui à une mémoire effacée. Cela vient d'être dit, la vie du chevalier est une singularité de l'histoire. Joseph de Bologne a défié son siècle. Il s'imposait comme un grand escrimeur, un militaire de rang, un musicien et un compositeur de génie surtout. Malgré sa grande popularité au XVIIIe siècle, il a ensuite été injustement répudié de l'histoire, relégué au second plan, victime au fond de nouvelles inégalités (…) ».
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« Rendre hommage au chevalier de Saint-George aujourd'hui, en ce 27 avril, jour en effet de l’abolition de l'esclavage et du décret signé par Victor Schœlcher, ce n'est pas un hasard du calendrier. C'est en effet un acte de vérité. Car parler du chevalier, c'est aussi évoqué l'histoire de notre pays qui a pratiqué l'esclavage et la colonisation. Je connais tous les termes du débat sur la mémoire, sur la repentance, mais disons clairement les choses : la France a un devoir de mémoire envers ses anciennes colonies, envers ses territoires ultra-marins. La République doit assumer ses vérités et soigner ses blessures et cela nous rend de toute façon plus fort pour affronter le présent et l’avenir », a conclu le Ministre d’État.
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La cérémonie s’est poursuivie par deux mouvements du Concerto n°8 en sol majeur du chevalier de Saint-George, par le violoniste Romuald Grimbert Barré accompagné par un quatuor à cordes de la Garde Républicaine, puis par une interprétation magistrale de la Marseillaise, par Leïla Brédent, soprano, et Elvis Miath, ténor. Trois artistes guadeloupéens venus célébrer cet illustre musicien et compositeur du XVIIIe siècle, né un 25 décembre 1745 à Baillif, près de Basse-Terre.