Table ronde : Un enfant a-t-il besoin d’un smartphone ?
Conférence
Mise à jour le 12/06/2025

Sommaire
Cette rencontre est organisée par la Communauté professionnelle du Territoire de Santé du 6ᵉ arrondissement de Paris, présidée par la Dr Sothéa SAR et en présence de Iris Berthomier, Conseillère d’arrondissement déléguée à la Santé, à l’Alimentation durable et au Handicap, de Clémence Habbaba, professeure d’histoire géographie au collège François Villon et cofondatrice du collectif numérique Education Numérique Raisonnée et du Dr Michel Guetta, créateur de contenu pour la maison des maternelles.
Si la possession d’un smartphone est liée à la notion de
« besoin » et d’ « intégration » chez les enfants et en
particulier chez les adolescents, elle n’est pas sans risque. En effet, une
exposition précoce ou intensive peut avoir des conséquences importantes, tant
sur la condition physique que sur les capacités psychiques et intellectuelles
de nos jeunes.
Pourquoi faire cette table ronde ?
D’abord, informer les parents sur les enjeux liés à l’usage du smartphone chez les
enfants est primordial. Ensuite, cet évènement a pour but, par le débat et
l’échange de points de vue, de sensibiliser aux risques, mais aussi aux bonnes
pratiques et solutions possibles.
Quelques chiffres clés
Selon une étude de Médiamétrie, les enfants reçoivent leur premier
téléphone en moyenne à 9 ans et 9 mois. Il y a donc un enjeu évident de
responsabilisation de l’enfant.
De plus, chez les enfants ayant une moyenne d’âge de 5 ans et demi, 98 %
regardent la télévision, 54 % jouent avec une tablette ou un ordinateur et 26 %
utilisent un smartphone au moins une fois par semaine.
Qu’est-ce que dit la science ?
Jonathan Bernard, chercheur au sein du Centre de recherche en
épidémiologie et statistiques, a analysé les données de près de 14 000 enfants, de 2
ans à 5 ans et demi. Les résultats sont préoccupants puisqu’ils montrent une relation
négative entre le temps d’exposition aux écrans et certains aspects du
développement. Cependant, cette relation n’est pas valable pour tous les
domaines cognitifs et est beaucoup moins forte lorsque le cadre de vie familial
est correctement pris en compte. Ainsi, il est primordial de comprendre que le temps
d’écran importe, mais que le contexte d’exposition est un facteur tout aussi déterminant.
Le neurophysiologiste Michel Desmurget observe des problèmes
psychologiques récurrents liés à l’usage des écrans tel que des baisses d’attention,
de développement du langage, de mémorisation, de créativité et un sommeil
négligé. Il étudie également l’impact des écrans sur le physique des
jeunes : baisse de l’acuité visuelle, maux de tête, mauvaise posture, sédentarité.
Il explique que « l’un
des prédicteurs majeurs de l’usage des écrans chez l’enfant est l’exemple donné
par les adultes. ». Il y a donc une incohérence entre dire à l’enfant que c’est
mal et être soi-même très présent sur les écrans.
Si le rapport de la
commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans remise
à l’Élysée datant d’avril 2024 préconise une interdiction
des écrans avant 3 ans, du téléphone avant 11 ans, des réseaux sociaux avant 15
ans, il insiste également sur le cadre pédagogique : l’utilisation du
numérique doit être encadrée. En effet, les réseaux sociaux sont identifiés
comme des facteurs de risque de dépression ou d’anxiété chez les enfants
vulnérables.
Le rapport se penche aussi sur l'impact de l'usage des
écrans par les adultes en présence des enfants. "Un parent qui est en train de jouer avec son enfant et qui
regarde son téléphone, ou qui est en permanence interrompu, cela perturbe la
mise en place de la relation parent-enfant, et peut avoir un retentissement sur
le développement socio-émotionnel de l'enfant", a déclaré
Servane Mouton, neurologue et co-présidente de la commission.
Quelles solutions ?
D’abord, une mise en place de réduction du temps d’écran et une restriction
de l’utilisation
des appareils dans certains contextes (à table, dans la chambre…) est
bénéfique. Il est également préférable d’éviter les « technoférences »
(interruption par les technologies dans les interactions humaines).
Enfin, l’application
de la règle des « 4 pas » crée par Sabine
Duflo permet d’installer un espace encadrant pour l’enfant :
-
Pas d’écran le matin.
-
Pas pendant les repas.
-
Pas dans la chambre de l’enfant.
-
Pas avant le coucher.